dimanche, novembre 27, 2005

3 Excursus 1 : contexte et nature

Contexte particulier :
- Transformation de l’espace de la cité italienne
- Transformation de l’espace de représentation du monde
- Transformation de l’espace théologique
- Transformation du rapport au temps
- Transformation du statut de l’activité artistique : arrachement vers les arts libéraux

Toutes ces transformations s’échelonnent dans une période assez large et parfois au-delà de l’Italie.

En tout état de cause, un dispositif particulier de production d’image se construit dans le même temps qu’une conscience réceptive adaptée à ces productions s’instaure.

Aucun suspense, c’est la perspective.
Filippo Brunelleschi (1377-1446) coupole du dôme de Florence 1420-36.
Leone Battista Alberti (1404-72) 1424-25 De pictura

Qu’est-ce que la perspective ?
Cela se définit par une vision unique, monoculaire (une monstruosité : œil cyclope). Toutes les lignes convergent vers le point qui est la projection de l’œil sur la surface de la représentation. Cela produit un schéma de configuration et de composition.

La perspective est une vraie invention, une vraie disposition des choses du monde.
C’est un choix qui se fait d’un système de représentation parmi d’autres possibles.

Elle implique donc :
- Un spectateur immobile : il y a là un dispositif de regard contre lequel la modernité luttera
- Ce spectateur est fixé à une certaine distance de ce qu’il regarde. Distance qui sera considérée comme le point de vue privilégié sur l’œuvre
- Une vision monoculaire donc réductrice et en écart avec la réalité de la vision naturelle humaine.

Il faut bien se souvenir qu’à la même époque :
- Système de composition par plan : Giotto
- École dite de Sienne : primo perspective avec aberration
- Lorenzo Ghiberti (1378 ou 81-1455 porte du baptistère de Florence 1401 en sculpture) met au point un système de perspective bifocale centralisée avec deux points de fuite : les deux yeux.
- Paolo Uccello (1397-1475) expérimente une perspective bifocale latéralisée : il y a un point de fuite à l’extrême gauche, car le regard se porte à l’extrême gauche et un point de fuite à l’extrême droite ; entre les deux, il y a l’organisation des lignes de fuite dont les foyers sont aux extrêmes.
- Jean Fouquet (1420-1481) met au point la perspective convexe ou tournante.
- Les peintres Flamands utilisent une perspective non géométrique et non mathématisée.


Entre 1415-1417 : Brunelleschi construit un modèle empirique : panneau du baptistère de Florence comme modèle théorique.
- La mise en scène est un dispositif expérimental pour validité une proposition que l’on pense être au départ d’architecture : éviter l’usage des maquettes et faire de l’architecture un système de représentation conceptuelle (cosa mentale)
- La mise en scène est une limite de la représentation : impossible ciel
- La mise en scène est un cadrage optique et thématique

Le dispositif est également un dispositif spatial et temporel qui inaugure la règle de la représentation historique en art : unité d’action, de lieu et de temps.
Ce qui est rendu visible, c’est la légitimité de l’image comme processus dans la nécessité où le sujet est de trouver la bonne place (pas sa place mais une place qui lui est assignée).

Valeur du dispositif mis en place dans les années 1420-1450 :

- Rôle de la cartographie : la peinture produit du territoire et Florence est un centre de cartographie
- Institution politique : on sait que Côme de Médicis dit l’ancien encourage la production de petits panneaux quadrangulaires à son retour d’exil en 1434 pour s’opposer à l’esthétique gothisante de son prédécesseur – face à la fresque apparaît donc le tableau transportable et transposable (pas totalement exact, la Trinité de Masaccio reconduit l’expérience de Brunelleschi dans un cadre d’architecture)
- Un dispositif double de production et de pensée (sens du mot représentation)
- Un dispositif qui fonctionne sur un schéma analogique : la commensuratio
- Un cadrage du réel :la limite de l’image.

Aucun commentaire: